Les PME françaises sont-elles prêtes pour faire face aux conséquences du changement climatique ?
Deux études parues début 2025 décrivent des situations assez contrastées concernant la préparation et l’adaptation des entreprises
Une étude de BPIfrance Le lab révèle que les ⅔ des dirigeants de PME et ETI ne considèrent pas l’adaptation au changement climatique comme une problématique prioritaire à traiter pour la gestion de leur entreprise. Ainsi, seuls 12 % ont déjà défini une stratégie et des plans d’actions en matière d’adaptation.
Pourtant, la stabilité de l’environnement économique et de l’activité de production peut être remise en cause du fait des conséquences directes ou indirectes d’aléas climatiques.
En outre, les risques climatiques sont soit minimisés (les dirigeants jugeant leur entreprise peu exposée) soit considérés comme un problème à venir et donc à gérer au cours des futures décennies (sans qu’il soit pertinent de s’en préoccuper dès maintenant)
De ce fait, les mesures d’adaptation engagées sont limitées à des occasions opportunistes (ex : réduction des coûts et dépenses ou engagement de dépenses dont les retours sur investissement sont chiffrables et visibles financièrement) mais relèvent rarement de démarches globales visant à identifier l’ensemble des risques menaçant les activités, et la façon de les faire évoluer pour assurer une pérennité de l’entreprise.
Et lorsque des actions ont été engagées, elles trouvent leur origine dans 3 moteurs principaux :
- la conviction personnelle du dirigeant
- le traumatisme liés à des sinistres passés
- le questionnement ou les attentes des parties prenantes (salariés, clients…)
L’étude souligne également le fait que les compagnies d’assurance, pourtant en première ligne concernant la gestion des risques climatiques, ne sont pas identifiées comme des partenaires potentiels des entreprises pour la sensibilisation ou l’accompagnement à la mise en place de stratégies d’adaptation.
A l’inverse de cette situation, le dérèglement climatique est désormais positionnée par les assureurs en tête des risques auxquels sont exposées les entreprises, au même niveau que les risques de cyberattaques.
D’une manière générale, les risques climatiques sont décrits comme faisant partie de la catégorie des risques émergents, c’est-à-dire présentant une variabilité dans leur nature, leur fréquence ou leur sévérité ainsi qu’une forte incertitude lors dans leur prévisibilité.
Ils sont en outre en grande interdépendance, dans la mesure où les éléments ou entités soutenant les activités des entreprises sont susceptibles d’être affectés par divers risques économiques, environnementaux, sociaux, technologiques, politiques ou réglementaires.
Quelle que soit l’échelle retenue (nationale, européenne, mondiale), les dégâts associés aux risques climatiques sont associés à des coûts économiques et assurantiels toujours plus élevés. En 2024, le coût économique des catastrophes naturelles est estimé dans le monde à 310 milliards de dollars (+19 milliards de dollars par rapport à 2023), avec une hausse des
coûts des sinistres (+20 milliards de dollars sur un an et +37 milliards de dollars par rapport à la moyenne sur 10 ans).
Les risques liés au dérèglement climatique présentent également deux caractéristiques importantes
- Leur hausse est d’autant plus marquante qu’ils disposent d’effets en cascade auprès d’autres risques (équilibre démographique, vulnérabilité des infrastructures stratégiques, dégradation de l’environnement…) du fait de leur forte interdépendance
- ils font partie des risques qualifiés d’imminents, risques de court terme, avec une survenue d’incidents à une échéance de deux à trois ans
- Le dérèglement climatique est d’ailleurs décrit comme la principale menace pour la société française
Ces éléments traduisent donc une divergence majeure entre la perception du risque par les assureurs et par les assurés, en l’occurrence les dirigeants d’entreprises.
Tandis que les premiers placent ce sujet au premier plan de leurs problématiques impactant directement leurs clients, les seconds n’y voient qu’un sujet de long terme, les concernant peu pour les 10-15 années à venir.
Le décalage de perception entre les professionnels de l’assurance et ces dirigeants est d’autant plus étonnant que les répercussions financières sur les contrats d’assurance commencent à être très concrètes : augmentation des tarifs, voire résiliation de contrats.
Enfin, il est intéressant de souligner le fait que les assureurs intègrent pleinement dans leurs analyses
- la diversité des risques (incertitudes politiques, réglementaires ou sanitaires…)
- la multiplicité et la superposition des menaces
qui à terme, pourraient remettre en cause l’assurabilité de certains risques et la pérennité de certaines activités.
Chez Nuageo, nous sommes donc aujourd’hui convaincus que, outre la prise de conscience qui peut passer par des actions de sensibilisation ou de communication (atelier de type Fresque ou Fluctu’IT), il est indispensable d’accompagner les dirigeants d’entreprises et les DSI vers une réflexion globale de leur organisation afin d’identifier des leviers d’adaptation et de réorganisation afin de se transformer pour se préparer à vivre les fluctuations à venir.
Sources
- https://presse.bpifrance.fr/les-dirigeants-des-pme-et-eti-estiment-que-ladaptation-de-leur-entreprise-au-changement-climatique-est-un-defi-encore-lointain
- https://media.licdn.com/dms/document/media/v2/D4E1FAQGusjZuX6stlA/feedshare-document-pdf-analyzed/B4EZTREeAvHgAc-/0/1738674411689?e=1745452800&v=beta&t=3Uw0AFbgjlxPajkXbSh0Sn0xV7WeLoG74GymI4acBlI
- https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/8h30-fauvelle-dely/intemperies-france-assureurs-justifie-la-hausse-des-tarifs-par-l-augmentation-de-la-frequence-des-sinistres-et-des-couts-de-reparation_6820691.html
- https://www.carbone4.com/analyse-assurances-climat