Cher Journal,
Aujourd’hui, j’aimerais te faire part d’un élément essentiel dans mon métier. La théorie des systèmes complexes.
La théorie des systèmes complexes étudie des phénomènes qui impliquent un grand nombre d’éléments interconnectés, et indépendants, dont l’intégration permet d’achever un but commun.
Dans de tels systèmes, des petites variations dans un élément peuvent avoir un impact important et imprévisibles sur l’ensemble du système. L’objet de cette théorie est de comprendre les comportements collectifs qui résultent de l’interaction des éléments individuels, dans le but de prédire les comportements globaux du système et concevoir des stratégies pour influencer ces comportements dans une direction souhaitée.
Un exemple de système complexe est le climat, qui est influencé par de nombreux facteurs interconnectés, tels que les émissions de gaz à effet de serre, l’activité humaine, les changements dans la circulation océanique, etc.. Chacun de ces facteurs peut influencer les autres, créant ainsi un réseau complexe d’interactions.
Les systèmes informatiques sont également des systèmes complexes, composés de nombreux éléments interconnectés tels que l’infrastructure IT, ses composants, le réseau, les périphériques d’accès, les logiciels, leurs usages et…les utilisateurs. Les interactions entre ces éléments peuvent avoir des impacts significatifs sur la qualité globale du service que ces services informatiques rendent à leur utilisateurs, que ce soit en termes de performances, de simplicité ou simplement de qualité.
On peut d’ailleurs se demander si en choisissant le Numérique Responsable, nous n’avons pas choisi un sujet aux enjeux doublement complexes (informatique et climat) ? C’est d’ailleurs une certitude, mais nous ne reculons pas devant un combat qui s’annonce aussi compliqué qu’essentiel !
Je te laisse aussi imaginer qu’il est possible de trouver d’autres exemples moins techniques et plus humains aux systèmes complexes. Les groupes de personnes sont au final autant d’éléments indépendants et interconnectés dont les actions individuelles impactent celle du groupe.
D’ailleurs, imaginer un groupe en tant que système complexe, ou relativement complexe est intéressant et explique parfois qu’une intention ne mène pas au résultat voulu 😉
Pour en revenir à notre métier, analyser ces systèmes complexes est indispensable : Au quotidien, la complexité des systèmes que nous rencontrons ne nous permet pas toujours de tout comprendre immédiatement, il est donc essentiel de se concentrer sur des points clés, pour visualiser et anticiper les interactions entre différents éléments et la conséquence finale sur le système que l’on veut faire évoluer.
L’objectif est d’avoir par exemple :
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- Une vision claire des interactions : on peut imaginer un diagramme d’architecture d’un SI
- Une identification des points critiques : quelles sont les fonctions essentielles à l’entreprise supportées par le SI et quels sont les éléments techniques qui la supportent ?
- Une analyse de la propagation des erreurs : en cas de panne d’un élément, comment cela affecte les autres éléments ?
Le but de tout cela étant de comprendre quelque chose qu’on ne peut pas assimiler dans son ensemble de manière immédiate.
Bien-sûr il ne s’agit là que de la théorie, dans la pratique, cela demande aussi d’être à l’aise avec la gestion de cette complexité et l’accepter en tant que tel. Pour aider à cela, on peut faire appel à
- La décomposition : découper le système complexe en unité plus petite et plus simple à comprendre (c’est comme pour manger un éléphant, il faut le couper en morceau, sinon c’est pas évident. Disclaimer : tu sais que la viande n’est pas au menu ?).
- L’abstraction : En abstrayant un système complexe en un modèle plus simple, il est souvent possible de comprendre les interactions et les comportements essentiels du système. Cette approche peut être utilisée pour comprendre les grandes tendances et les structures fondamentales du système.
Ces principes et outils sont puissants, et nous aident au quotidien à comprendre des situations, des SI, des projets, des organisations… Mais que se passe-t-il quand les paramètres nous dépassent ?
Par exemple lorsque le nombre d’éléments, ou de paramètre dépasse 175 milliards ? Comme pour les paramètres de chat GPT ? Est-ce qu’à un moment la décomposition est encore possible ? Et l’abstraction suffisante pour comprendre le fonctionnement/le raisonnement de ce dernier ?
Et dans ce cas, faut-il faire confiance à quelque chose qu’on ne comprend pas ? Je te laisse sur cette question, qui je n’en doute pas, doit te sembler, cher journal, un peu complexe.