Mesurer pour agir dans la bonne direction
Cher journal,
Aujourd’hui je vais te parler d’un outil utilisé dans toutes les entreprises, partout et tout le temps, pour informer, parfois pour motiver, souvent pour sanctionner et finalement toujours pour évaluer un résultat. Tu l’as reconnu? Je te parle évidemment de l’indicateur, celui qui sanctionne, celui qui juge, celui qu’on attend ou celui qu’on craint. Souvent associé à la notion de performance par rapport à un standard. L’indicateur n’est rien sans un objectif d’une valeur seuil à atteindre de celui-ci c’est d’ailleurs lorsqu’on combine l’indicateur et cet objectif mesurable qu’on est capable de dire que la performance est bonne ou mauvaise. C’est aussi cet indicateur qui permet de nous comparer, cette entreprise est meilleure que telle autre car elle a une meilleure performance économique, ses indicateurs de chiffre d’affaires et de résultats sont meilleurs. En plus cette entreprise a des indicateurs qui sont au-dessus de la moyenne de la mesure de cet indicateur dans les autres entreprises. Elle est donc meilleure et plus performante.
L’indicateur mesurable est donc un outil incontournable et d’une efficacité redoutable pour fixer un objectif et mesurer la performance d’un collaborateur, d’un produit, d’une entreprise…
Un indicateur est une représentation partielle de l’état d’un système
Aussi bien choisi soit-il, de par sa nature simplifiée, unidimensionnel, même si son calcul peut être complexe (penses au calcul de ton bilan carbone) il ne peut être qu’une représentation partielle de l’état d’un système. Lorsque je te donne ma taille, si tu ne me connais pas cela ne suffit pas pour te donner une idée précise de ma corpulence, tu as besoin d’un second indicateur mon poids par exemple mais d’autres indicateurs moins évidents comme ma densité osseuse, ma masse musculaire ou encore ma masse hydrique pourrait t’aider à affiner ta perception. C’est donc une combinaison d’indicateurs qui permet d’avoir une approche plus précise.
Les limites de l’indicateur, c’est lorsqu’on en choisit un seul et qu’on le brandit en vérité absolue. Il induit par conséquent des comportements déviants afin de le maximiser en oubliant les externalités surtout négatives et possiblement positives non mesurées par celui-ci puisqu’il n’est qu’une représentation partielle d’un système. Prends notre très cher PIB (Produit Intérieur Brut), qui est l’indicateur économique le plus répandu qui permet de quantifier la valeur totale de la production de “richesse” annuelle effectuée par les agents économiques résidant à l’intérieur d’un territoire. La croissance se mesure via le PIB, si le PIB croît, il y a croissance économique et s’il y a croissance tout va bien, voilà le mythe qui nous est servi irrémédiablement à chaque 20h ! Pour mémoire, il a été créé par Simon Kuznets en 1934, qui lui-même mettait en garde vis à vis de l’utilisation du PIB comme un indicateur du “bien-être”. On se rend compte qu’en dépit d’une croissance du PIB des pays et des CA des entreprises, les inégalités, elles aussi, n’ont pas cessé de croître pour justement servir cette croissance.
Pour autant devons-nous oublier le PIB pour mesurer la performance d’une économie ou le CA pour mesurer la performance d’une entreprise ?
“Ce n’est pas en cassant le thermomètre qu’on fait tomber la fièvre” – Antoine Veil
Antoine Veil disait “ce n’est pas en cassant le thermomètre qu’on fait tomber la fièvre”, en effet le mal est fait et les habitudes sont prises donc il s’agit ici de se doter de nouveaux indicateurs permettant de mesurer la performance globale de son entreprise afin de redonner le sens aux indicateurs dont la définition de la célèbre encyclopédie en ligne me convient bien d’avantage.
“L’indicateur est une évaluation de la pertinence ou de l’efficacité d’une réponse à un problème. En fournissant des données quantifiées, il permet de déterminer concrètement le nombre et la qualité des dispositifs à mettre en place lors de la perturbation d’un milieu par l’Homme et ses activités.”
C’est ce que nous utilisons chez Nuageo, nous avons des indicateurs comme tout le monde afin de mesurer notre évolution et de nous assurer de prendre en compte une vision globale pour maximiser nos impacts positifs tout en minimisant nos impacts négatifs.
La permaentreprise propose de s’appuyer sur 23 objectifs d’impact exigeants indissociables pour mesurer sa progression et conditionner la crédibilité de notre engagement.
Nous sommes une permaentreprise établie et je te partage nos objectifs d’impacts ainsi que les seuils que nous nous fixons:
Objectifs d’impact | Niveau 3 : la permaentreprise établie |
1. Niveau de mise en œuvre de la raison d’être | Raison d’être alignée sur les trois principes éthiques et résultats en matière d’impacts jugés satisfaisants par l’organisme évaluateur |
2. Employabilité : moyens de formation | 90 % des salariés formés, 15 jours sur 3 ans |
3. Employabilité : perception de l’acquisition de compétences | 90 % des salariés considèrent avoir acquis des compétences dans l’année |
4. Régénération physique et mentale des salariés : possibilité de télétravailler | 90 % des salariés peuvent bénéficier du télétravail |
5. Régénération physique et mentale des salariés : nombre de jours de télétravail | 3 jours par semaine en moyenne pour les salariés qui peuvent bénéficier du télétravail |
6. Régénération physique et mentale des salariés : perception des moyens mis en place | 90 % des salariés considèrent que l’entreprise leur donne les moyens de se régénérer |
7. Réduction de l’absentéisme | < 3 % du temps de travail de l’ensemble des salariés |
8. Écart des salaires : positionnement du salaire leplus élevé* par rapport au salaire médian (en complément de l’application de la loi index égalité homme/femme) | Salaire le plus élevé < 5 fois le salaire médian |
9. Écart des salaires : positionnement du salaire moyen des 10 % des salariés ayant les salaires les plus élevés | Salaire moyen < 5 fois le salaire moyen des 10 % des salariés ayant les salaires les plus faibles |
10. Fonctionnement non top-down : les dispositifs mis en place | Des dispositifs de concertation des salariés sont utilisés pour de nombreuses décisions prises par l’entreprise |
11. Fonctionnement non top-down : la perception des salariés | 90 % des salariés considèrent être consultés en amont de décisions importantes pour l’entreprise |
12. Représentation des salariés dans l’organe de gouvernance de la permaentreprise | 50 % de l’ensemble des membres |
13. Réduction des émissions de carbone (scope 1,2 et 3) | Réduction > 5 % par an des émissions de CO2 sur une période de 10 ans |
14. Contribution nette positive en carbone | Plan entamépour avoir une contribution nette positive en carbone dans les 5 ans |
15. Pourcentage des achats de proximité auprès de fournisseurs engagés sur le plan social et environnemental | 30 % des achats de biens relevant d’immobilisations corporelles |
16. Économie circulaire : réutilisation et recyclage des déchets de production | 90 % du volume des déchets |
17. Pourcentage de la consommation électrique en énergies renouvelables | 90 % des consommations |
18. Limitation de l’innovation produit et service : perception des salariés sur la cohérence avec les trois principes éthiques | 90 % des salariés considèrent que les innovations sont cohérentes et que le financement des innovations est cohérent avec les trois principes de la permaentreprise |
19. Limitation de l’innovation interne à l’entreprise (management,RH, communication, outils…) : perception des salariés | 30 % des salariés considèrent que les innovations sont cohérentes avec les trois principes de la permaentreprise |
20. Pourcentage des résultats financiers avant impôts affectés aux salariés | > 50 % des résultats |
21. Pourcentage des résultats financiers affectés à la société civile après impôts et redistribution aux salariés | > 5 % des résultats (dons) |
22. Pourcentage des placements dans des fonds ISR | 100 % des placements |
23. Pourcentage des fournisseurs qui n’utilisent pas les paradis fiscaux | 90 % des fournisseurs |
Ces indicateurs reprennent leur définition initiale et nous indiquent la bonne direction à suivre pour supporter un modèle viable dans un futur vivable. Chaque projet permaentreprise porté par nos collaborateurs doit permettre d’agir sur ces indicateurs pour nous rapprocher ou nous maintenir au-dessus de ces seuils et ainsi nous assurer que l’entreprise fonctionne correctement en respectant les limites planétaires et en s’appuyant sur les seuils du plancher social. Je reviendrai sûrement sur ce concept du Donut permettant une économie régénérative et distributive.
Prends soin de tes indicateurs mon journal