Journal de Bord #131 – Stratégie de la jambe de bois et stratégie d’évitement

Permaentreprise

Stratégie de la jambe de bois et stratégie d’évitement

Cher journal,

Certains collaborateurs et associés NUAGEO sont les parents de sportifs en herbe, d’autres des sportifs aguerris eux-mêmes (ou l’ont été) et notre coucou du matin hebdomadaire est parfois l’occasion de partager les résultats, victoires comme défaites, et diverses sélections sportives de chacun.

Ces échanges m’ont amené à m’intéresser à l’aspect mental du sport et aux travaux de Jean-Pierre FAMOSE, docteur en psychologie.

Jean-Pierre Famose a notamment été :

  • Ancien responsable du Laboratoire de psychologie de l’Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance (INSEP, créé en 1975 sous le nom d’Institut du Sport et de l’Education Physique),
  • Professeur des Universités :
    • A l’Université Paris-Sud,
    • Membre du centre de recherche en sciences du sport de l’UFR (Unité de Formation et de Recherche, sigle ayant remplacé le terme Faculté) Scientifique d’Orsay,
    • Au Département STAPS (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives) de l’UFR Lettres, Langues, Sciences Humaines et Sport à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour. 

La stratégie de la jambe de bois est une des stratégies d’auto-handicap utilisées par un athlète pour sauvegarder l’estime de soi, sujet développé par Famose en 2001 dans son ouvrage “La motivation en éducation physique et en sport”.

Cette stratégie consiste pour un sportif à admettre publiquement une faiblesse (anxiété, douleur anormale, blessure bénigne) ou un handicap mineur, la fameuse “jambe de bois”, afin d’éviter de laisser paraître ou révéler une faiblesse plus importante pour son estime personnelle.

Les stratégies d’auto-handicap sont généralement l’expression d’un manque de confiance en soi : en évaluant ses risques d’échec, le sportif s’efforce de trouver de manière anticipée des excuses pour justifier, le cas échéant, un échec. 

Afin de reprendre confiance en soi et ainsi réaliser de bonnes performances, un sportif, souvent accompagné de son entraîneur et/ou d’un préparateur mental, doit :

  • Réapprendre à attribuer sa réussite et ses échecs à ses efforts,
  • Prendre conscience des progrès réalisés.

Jean-Pierre Famose avait également identifié les autres stratégies d’auto-handicap suivantes :

  • La diminution de l’effort,
  • La procrastination,
  • Choisir une tâche en fonction de sa difficulté,
  • Refuser de l’aide,
  • Éviter une situation menaçante pour l’estime de soi.

La stratégie d’évitement est un autre mécanisme de défense permettant de ne pas se trouver confronté à une situation redoutée ou à la peur de de l’échec.

Si diverses stratégies ne suffisent pas ou plus pour maintenir une estime de soi suffisante, le sportif peut être amené à recourir à une stratégie d’évitement. 

Lors de la conférence “Apprentissage moteur et motivation” délivrée lors de la formation continue des enseignants d’EPS à Poitiers en 2022, Famose explique le mécanisme de la stratégie d’évitement :

« Ce qui va motiver [les sportifs] c’est d’augmenter l’estime de soi. Dans le cas où l’estime de soi se trouve mise en cause, ils vont chercher à se protéger, et pour se protéger adopter des conduites d’évitement (ex: Marie-José Pérec aux JO de Sydney) […]. La question qui se pose est de savoir comment cela fonctionne pour ceux qui ont une basse estime de soi […]. La réalité montre que ce sont des gens qui ne savent pas exactement ce qu’ils sont, qui peuvent changer très rapidement de façon d’être d’une situation à l’autre et qui sont en dessous des autres mais pas tout en bas dans l’échelle de l’estime de soi. Ces gens là mettent en doute leurs compétences et vont avoir recours à des comportements d’évitement. »

Concrètement, si un sportif considère qu’il est trop difficile d’atteindre un objectif et estime ses chances de réussite trop faibles, il pourrait ainsi refuser de s’engager, à l’entraînement comme en compétition.

Un entraîneur devra alors motiver et conduire le sportif à s’entraîner et s’aligner en compétition dans un but de maîtrise et non exclusivement de performance par rapport aux efforts consentis et à la persévérance face aux difficultés.

Ne penses-tu pas qu’il existe des stratégies similaires dans le monde de l’entreprise ?

N’oublie pas que le 2ème pilier de la permaentreprise est de prendre soin des humains !

Prends soin de toi mon cher journal.

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